Les paraboles de Jésus

Chapitre 16

Perdu et retrouvé

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Les paraboles de la brebis perdue, de la drachme et de l'enfant prodigue mettent en évidence l'amour compatissant de Dieu pour ceux qui se perdent. Même s'ils se sont détournés de lui, il ne les abandonne pas à leur misère, mais il est plein de tendresse et de pitié pour ceux qui sont exposés aux ruses de l'ennemi.

Dans la parabole de l'enfant prodigue, nous avons une illustration de la manière dont Dieu agit à l'égard de ceux qui, après avoir connu son amour, ont cédé aux suggestions du tentateur.

« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné. » (Luc 15:11-13)

Ce fils cadet s'est lassé des règles de la maison paternelle. Il estime qu'elles portent atteinte à sa liberté. Méconnaissant l'amour et la sollicitude de son père, il décide de ne suivre que ses inclinations.

Le jeune homme ne se reconnaît aucune obligation à son égard et ne lui exprime aucune gratitude. Toutefois, se réclamant de ses droits filiaux, il demande sa part du patrimoine. Il veut recevoir immédiatement les biens qui, en fait, ne doivent lui revenir qu'à la mort de son père. Il désire les jouissances présentes, et l'avenir lui importe peu.

Ayant obtenu son héritage, il part « pour un pays éloigné », loin de la maison paternelle. Maintenant qu'il a de l'argent à profusion et la liberté de faire ce qui lui plaît, il se flatte de pouvoir satisfaire les inclinations de son coeur. Personne ne pourra plus lui dire : « Ne fais pas ceci, car cela te serait nuisible », ou : « Fais cela, parce que c'est bien. » De mauvais compagnons l'entraînent toujours plus profondément dans le péché, et il gaspille son bien « en vivant dans la débauche » (Luc 15:13).

La Bible nous parle d'hommes qui « se vantant d'êtres sages ... sont devenus fous » (Romains 1:22). C'est l'histoire du jeune homme de notre parabole. Il dissipe, avec des prostituées, les richesses qu'il a égoïstement réclamées à son père. Il dilapide le trésor de sa jeunesse. Les plus belles années de son existence, la force de son intelligence, les brillantes perspectives de son jeune âge, ses aspirations spirituelles, tout est consumé dans le feu de la convoitise.

Mais une grande famine survient, et il commence à se trouver dans le besoin; il se met au service d'un propriétaire du pays, qui l'envoie paître les pourceaux. Or, pour un Juif, c'était l'emploi le plus vil et le plus dégradant. Le jeune homme qui s'est vanté de sa liberté se trouve maintenant réduit à l'esclavage. Il est dans la pire des servitudes ― « saisi par les liens de son péché » (Proverbes 5:22). Le fascinant mirage qui l'a séduit s'est évanoui, et il sent maintenant le poids de sa chaîne. Assis sur le sol, dans cette contrée frappée par la famine, sans autre compagnie que celle des pourceaux, il voudrait bien pouvoir se rassasier des caroubes que l'on donne à ces bêtes. De tous les joyeux compagnons qui l'entouraient aux jours de sa prospérité pour boire et manger à ses dépens, il n'en reste pas un seul pour sympathiser avec lui. Où est maintenant sa joie tapageuse? Faisant taire sa conscience, engourdissant sa sensibilité, il se croyait heureux. Mais aujourd'hui que tous ses biens ont été gaspillés, il souffre de la faim, son orgueil est blessé, ses facultés morales sont amoindries et sa volonté est si affaiblie qu'il ne peut plus compter sur elle. Tout sentiment élevé semble avoir tari en lui. Il est la plus pitoyable des épaves humaines.

Quel tableau de la condition du pécheur! Décidé à suivre ses caprices et à s'adonner à des plaisirs coupables, celui-ci, malgré les bienfaits que Dieu lui prodigue dans son amour, désire par-dessus tout être séparé de lui. Pareil à ce fils ingrat, il se réclame des bénédictions divines comme de la part d'héritage qui lui revient de droit. Il les prend le plus naturellement du monde, sans songer qu'il doit de la reconnaissance et de l'amour à son Père céleste. Comme Caïn, fuyant la présence de l'Éternel pour aller fonder un foyer, comme l'enfant prodigue partant « pour un pays éloigné », le pécheur cherche le bonheur dans l'oubli de Dieu.

Quelles que soient les apparences, toute vie égocentrique est perdue. Quiconque veut vivre loin de Dieu dissipe ses biens, gaspille ses plus précieuses années, les facultés de son esprit, de son coeur et de son âme, et court à une ruine éternelle. Celui qui se sépare de Dieu dans un esprit d'indépendance est esclave de Mammon. L'intelligence que Dieu a créée en vue de la compagnie des anges se dégrade au service de ce qui est terrestre et bestial. Telle est la fin de tout culte du moi.

Si vous avez choisi une telle vie, sachez que vous dépensez votre argent pour ce qui ne nourrit pas, et que vous travaillez pour ce qui n'apporte pas la plénitude. Il arrivera un moment où vous vous rendrez compte de votre dégradation. Seul, dans une contrée lointaine, vous sentirez votre misère et, désespéré, vous vous écrierez : « Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort? » (Romains 7:24) Le prophète exprime une vérité universelle quand il dit : « Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son coeur de l'Éternel! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur, il habite les lieux brûlés du désert, une terre salée et sans habitants. » (Jérémie 17:5,6) Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5:45), mais les hommes ont la faculté de refuser la pluie et le soleil. Bien que le Soleil de justice brille pour tous et que les ondées de la grâce tombent en abondance sur tous, nous pouvons néanmoins, en nous séparant du Seigneur, « habiter les lieux brûlés du désert ».

Le Dieu d'amour éprouve encore de la tendresse pour celui qui s'est délibérément éloigné de lui, et il fait tout pour le ramener dans la maison paternelle. Dans sa grande misère, le fils prodigue est « rentré en lui-même » (Luc 15:17). Le charme que Satan avait jeté sur lui a disparu et il comprend maintenant que ses souffrances sont le résultat de sa folie. Il se dit : « Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j'irai vers mon père (Luc 15:17,18). Dans l'état pitoyable où il se trouve, le fils prodigue croit encore à l'amour paternel. Cet amour l'attire. C'est aussi l'assurance de l'amour de Dieu qui contraint le pécheur à revenir à lui. « La bonté de Dieu te pousse à la repentance. » (Romains 2:4) La miséricorde et la compassion divines, semblables à une chaîne d'or, entourent toute âme qui se trouve en danger. Le Seigneur déclare : « Je t'aime d'un amour éternel; c'est pourquoi je te conserve ma bonté. » (Jérémie 31:3)

Le jeune homme prend la résolution de confesser son péché : « J'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » Mais il ajoute ― ce qui montre combien peu il a compris l'amour de son père : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » (Luc 15:18,19)

Le jeune homme abandonne pourceaux et caroubes et se met en route pour la maison paternelle. Tremblant de faiblesse, mourant de faim, il avance néanmoins avec ardeur. Il n'a rien pour cacher ses haillons; mais la misère a eu raison de l'orgueil, et il se hâte pour aller solliciter une place de serviteur là où il était autrefois l'enfant chéri.

Le jour où il quitta la maison paternelle, le jeune homme, insouciant et joyeux, ne se doutait guère, en en franchissant le seuil, de la douleur qui étreignait le coeur de son père. Tandis qu'il dansait et festoyait avec ses compagnons de débauche, il n'était pas sensible au chagrin qu'il avait provoqué chez les siens. Et maintenant que d'un pas lassé il se dirige vers la demeure paternelle, il ignore que quelqu'un guette son retour. « Comme il était encore loin » (Luc 15:20), son père reconnut sa silhouette, malgré les dégradations de plusieurs années de péché, car l'amour a bonne vue. « Ému de compassion, il courut se jeter à son cou », et l'embrassa avec tendresse en l'étreignant longuement.

Le père ne permettra pas que des regards méprisants contemplent la misère et les haillons de son fils. Enlevant son ample et riche manteau, il en enveloppe le corps amaigri du jeune homme qui sanglote et exprime son repentir par ces mots : « Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » (Luc 15:21) Le serrant contre lui, le père le fait entrer dans la maison. On ne lui laisse même pas le temps de demander une place de serviteur. En sa qualité de fils, on lui offrira ce qu'il y a de meilleur. Aussi sera-t-il respecté et honoré des serviteurs et des servantes.

Le père dit à ceux-ci : « Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. » (Luc 15:22-24)

Dans sa turbulente jeunesse, le prodigue considérait son père comme dur et sévère. Combien ses sentiments ont changé aujourd'hui! Ainsi, ceux qui sont séduits par Satan voient en Dieu un être exigeant et impitoyable, toujours prêt à reprendre et à condamner, repoussant les pécheurs aussi longtemps qu'il a une excuse valable pour ne pas leur venir en aide. Pour eux, sa loi est une entrave au bonheur des hommes, un joug accablant auquel ils sont heureux de pouvoir échapper. Mais celui dont les yeux ont été ouverts par l'amour du Sauveur le voit rempli de compassion. Ce n'est pas un être tyrannique ou implacable, mais un père désireux d'embrasser son fils repentant. Avec le psalmiste, le pécheur peut s'écrier : « Comme un père a compassion de ses enfants, l'Éternel a compassion de ceux qui le craignent. » (Psaume 103:13)

Dans la parabole, l'enfant prodigue n'est ni réprimandé ni rejeté à cause de sa folie passée. Il a vraiment le sentiment que sa faute est pardonnée, effacée, oubliée pour toujours. De même, Dieu dit au pécheur : « J'efface tes transgressions comme un nuage, et tes péchés comme une nuée. » « Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché. » (Ésaïe 44:22; Jérémie 31:34) « Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées; qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. » « En ces jours, en ce temps-là, dit l'Éternel, on cherchera l'iniquité d'Israël, et elle n'existera plus, le péché de Juda, et il ne se trouvera plus. » (Ésaïe 55:7; Jérémie 50:20)

Quelle assurance nous est ainsi donnée de l'empressement de Dieu lorsqu'il s'agit d'accueillir le pécheur repentant! As-tu, cher lecteur, choisi la voie qui te plaisait? T'es-tu éloigné de Dieu? As-tu cherché à te délecter des fruits de la transgression, jusqu'à ce qu'il t'en reste un goût de cendres? Et maintenant, tes biens dissipés, tes plans renversés et tes espérances mortes, te trouves-tu assis dans la solitude et la désolation? Eh bien! cette voix qui parle depuis si longtemps à ton coeur, mais à laquelle tu n'as pas voulu prêter l'oreille, s'adresse à toi, claire et distincte : Debout et en route! car ce n'est plus ici une terre de repos : parce qu'elle a été souillée, elle sera une cause de souffrances, de cruelles souffrances. Rentre à la maison de ton Père céleste. Il t'appelle, écoute-le : « Reviens à moi, car je t'ai racheté. » (Michée 2:10, traduction du Rabbinat français; Ésaïe 44:22)

Ne prête pas l'oreille aux suggestions de l'adversaire qui te conseille de demeurer loin du Christ jusqu'à ce que tu sois meilleur ― jusqu'à ce que tu sois assez bon pour pouvoir te présenter devant Dieu. Si tu attends, tu ne reviendras jamais au Seigneur. Quand Satan te fait remarquer tes vêtements souillés, répète-lui la promesse de Jésus : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6:37) Dis à l'ennemi que le sang du Christ purifie de tout péché. Fais tienne la prière de David : « Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. » (Psaume 51:9)

Lève-toi et va vers ton Père. Il accourra de très loin à ta rencontre. Si tu fais ne serait-ce qu'un pas sur le chemin de la repentance, il te serrera dans ses bras avec un amour infini. Son oreille est attentive au cri de l'âme contrite. Aucune aspiration spirituelle ne lui échappe. Jamais une prière n'a été prononcée, si timide soit-elle, jamais une larme n'a coulé, même dans le plus grand secret, jamais l'embryon d'un désir sincère n'est monté vers Dieu sans que son Esprit soit allé à sa rencontre. Avant même que la prière soit formulée ou l'aspiration du coeur manifestée, le Christ est prêt à offrir sa grâce pour suppléer à celle qui agit déjà dans l'âme humaine.

Ton Père céleste te dépouillera de tes vêtements souillés par le péché. Dans la magnifique parabole prophétique de Zacharie, le grand prêtre Josué, qui se tient en vêtements sales devant l'ange de l'Éternel, est une figure du pécheur. Le Seigneur prononce ces paroles : « Ôtez-lui les vêtements sales! Puis il dit à Josué : Vois, je t'enlève ton iniquité, et je te revêts d'habits de fête. ... Et ils mirent un turban pur sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. » (Zacharie 3:4,5) Ainsi Dieu te revêtira « des vêtements du salut » et te couvrira « du manteau de la délivrance ». « Tandis que vous reposez au milieu des étables, les ailes de la colombe sont couvertes d'argent, et son plumage est d'un jaune d'or. » (Ésaïe 61:10; Psaume 68:14)

Il te fera entrer dans la maison du festin, et la bannière qu'il déploiera sur toi, c'est l'amour (Cantique des cantiques 2:4). « Si tu marches dans mes voies, dit-il, je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici » ― parmi les saints anges qui entourent son trône. (Zacharie 3:7)

« Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu. » « L'Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve; il fera de toi sa plus grande joie; il gardera le silence dans son amour; il aura pour toi des transports d'allégresse. » (Ésaïe 62:5; Sophonie 3:17) Le ciel et la terre s'associeront au chant de réjouissance du Père : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. » (Luc 15:24)

Jusqu'ici, la parabole ne mentionne aucune note discordante susceptible de troubler l'harmonie de cette scène de bonheur; mais voici que le Christ introduit un autre personnage. Lors de l'arrivée du fils prodigue, son frère aîné était dans les champs. « Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit : ton frère est de retour et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. » (Luc 15:25-28) Le frère aîné n'avait pas partagé l'angoisse du père et ne s'était pas soucié de celui qui s'était égaré. Il ne peut donc participer à la joie paternelle lors du retour du prodigue. Les réjouissances de cette fête ne trouvent aucun écho dans son coeur. La réponse du serviteur éveille en lui des sentiments de jalousie. Il refuse d'entrer pour souhaiter la bienvenue à son frère retrouvé, et il considère comme une injure à sa personne la faveur dont celui-ci est l'objet.

L'orgueil et la méchanceté du fils aîné se révèlent dès que son père essaie de le raisonner. Il invoque le fait qu'il a passé toute sa vie dans la demeure paternelle sans récompense, et il met cette vie en contraste avec les avantages accordés à son frère cadet. Il fait ressortir que ces années de travail ont été celles d'un serviteur plutôt que celles d'un fils. Alors qu'il aurait dû goûter la joie profonde de vivre près de son père, il pensait uniquement au profit qu'il retirerait d'une vie rangée. Ses paroles prouvent que seule cette préoccupation l'a poussé à renoncer aux jouissances du péché. Maintenant, si son frère doit bénéficier des largesses paternelles, il s'estime lésé dans ses intérêts, et il lui en veut d'être l'objet de cette faveur. Il montre clairement que s'il avait été à la place du père, il n'aurait pas reçu le prodigue. Il ne le reconnaît pas même pour son frère, mais le désigne froidement comme « ton fils ».

Et pourtant, son père le traite avec tendresse : « Mon enfant, lui dit-il, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. » (Luc 15:31) Toutes ces années pendant lesquelles ton frère a erré loin de moi, n'as-tu pas joui de ma présence?

Tout ce qui pouvait contribuer au bonheur de ses enfants était à leur entière disposition. Un fils n'a à s'inquiéter ni de donation, ni de récompense. « Tout ce que j'ai est à toi. » Il te suffit de mon amour et d'accepter les dons qui te sont libéralement accordés.

L'un des fils s'était volontairement éloigné de la maison paternelle, pendant un certain temps, parce qu'il n'avait pas su discerner l'amour du père. Mais maintenant il est revenu et une vague de joie dissipe toute autre préoccupation. « Ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. »

Le fils aîné vit-il sa mesquinerie et son ingratitude et parvint-il à comprendre que son frère, malgré sa conduite désordonnée, n'en restait pas moins son frère? Finit-il par se repentir de sa jalousie et de sa dureté de coeur? Le Christ n'en dit rien. La parabole se déroulait encore et il appartenait à ses auditeurs de fixer quel serait son dénouement.

Le fils aîné représente les Juifs qui ont refusé de se repentir à l'époque de Jésus, et les pharisiens de tous les temps qui méprisent ceux qu'ils regardent comme des publicains et des gens de mauvaise vie. Parce qu'ils ne se sont pas plongés eux-mêmes profondément dans le vice, ils sont remplis de propre justice. Le Christ rencontre ces chicaneurs sur leur propre terrain. Comme le fils aîné de la parabole, ils avaient reçu de grands privilèges de la part de Dieu; ils se disaient les fils de sa maison, mais ils avaient un esprit mercenaire. Ils travaillaient, non par amour, mais dans l'espoir d'une récompense. À leurs yeux, Dieu était un chef de corvée exigeant. Ils se scandalisèrent parce que le Christ invitait les publicains et les gens de mauvaise vie à jouir librement des dons de la grâce ― ces dons que les rabbins espéraient mériter par leurs oeuvres et leurs mortifications. Le retour du prodigue remplissait de joie le coeur du père, mais ne provoquait chez eux que de la jalousie.

Dans la parabole, les observations du père à son fils aîné représentent les appels que la miséricorde céleste adressait aux pharisiens : « Tout ce que j'ai est à toi », non comme un salaire, mais comme un don. Comme le fils prodigue, vous ne pouvez le recevoir qu'à titre de faveur imméritée de l'amour du Père.

Non seulement la propre justice engendre une fausse conception de Dieu, mais elle rend le coeur dur et l'esprit critique à l'égard des autres. Égoïste et jaloux, le fils aîné observait son frère et se tenait prêt à décrier ses actions et à l'accuser à la première occasion. Il observait chacune de ses fautes et jugeait sévèrement l'erreur la plus légère. C'est ainsi qu'il cherchait à justifier son esprit implacable. Nombreux sont aujourd'hui ceux qui suivent son exemple. Alors qu'une âme est pour la première fois aux prises avec de nombreuses tentations, ils sont là, obstinés, inflexibles, se plaignant et accusant. Ils se disent enfants de Dieu, mais sont animés par l'esprit de Satan. Par leur attitude à l'égard de leurs frères, ces accusateurs se placent eux-mêmes sur un terrain où le Seigneur ne peut leur dispenser la lumière de sa face.

Beaucoup de gens ne cessent de demander : « Avec quoi me présenterai-je devant l'Éternel, pour m'humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d'un an? L'Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d'huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? » La réponse est la suivante : « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l'Éternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6:6-8)

Voici ce que Dieu demande : « Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug. ... Ne te détourne pas de ton semblable. » (Ésaïe 58:6,7) « Lorsque tu te regarderas comme un pécheur sauvé uniquement par l'amour de ton Père céleste, tu auras pitié de ceux qui souffrent dans le péché. Tu n'accueilleras plus la misère et la repentance par la jalousie et la critique. Quand la glace de l'égoïsme aura disparu de ton coeur, tu vibreras en harmonie avec Dieu et tu participeras à sa joie lorsqu'un pécheur se convertira.

Tu te réclames, il est vrai, du titre d'enfant de Dieu; mais si cette prétention est fondée, c'est « ton frère » qui était mort et qui est revenu à la vie, qui était perdu et qui est retrouvé. Il t'est uni par les liens les plus étroits, car Dieu le reconnaît pour fils. Si tu nies ce degré de parenté avec lui, tu montres par là que tu n'es qu'un mercenaire dans la maison, et non un enfant de la famille de Dieu.

Bien que tu refuses de participer aux réjouissances qui accompagnent le retour de ton frère perdu, celles-ci n'en continueront pas moins, et celui qui est réintégré dans la famille aura sa place aux côtés du Père et dans son oeuvre. Qui a été beaucoup pardonné aime beaucoup. Mais toi, tu seras dans les ténèbres du dehors. « Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1 Jean 4:8)